L�UNESCO et les chemins de Compostelle
En 1984 le Conseil de l'Europe avait recommand� " une coop�ration entre les �tats membres destin�e � pr�server conjointement les itin�raires internationaux de p�lerinage, par exemple une action concert�e en vue de faire figurer les itin�raires les plus significatifs et leurs monuments sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO ". Quelle est la situation aujourd�hui ?
Des itin�raires oubli�s
Aucune action n'a �t� entreprise pour " pr�server les itin�raires internationaux de p�lerinage ". Rien n'a �t� fait ni pour les identifier ni pour les mettre en valeur.
Cette recommandation suivait la reconnaissance de l'int�r�t symbolique de ces itin�raires. Mais en demandant leur reconnaissance g�ographique alors que leur mat�rialisation est impossible, elle portait en germe l'�chec de sa mise en �uvre.
Plus grave, en 1987, le Conseil de l'Europe, fortement influenc� par des repr�sentants espagnols soutenus par un important lobbying d'intellectuels hispanisants, en particulier fran�ais, oubliait cette recommandation en faisant des chemins de Compostelle le seul itin�raire de p�lerinage distingu� comme Itin�raire Culturel Europ�en.
Absence de coordination entre pays trop diff�rents pour le faire efficacement.
Mais l'id�e avait �t� lanc�e d'une inscription au Patrimoine Mondial. L'UNESCO souhaitait la mettre en application. Elle ne r�ussit malheureusement pas � obtenir une action conjointe. La France et l'Espagne ont agi en ordre dispers�.
En 1993, l'Espagne a obtenu le classement du Camino franc�s au titre � d�un paysage culturel lin�aire continu qui va des cols des Pyr�n�es � la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle � ; outre des villes et b�timents en nombre consid�rable et manifestement exag�r� (166 villes ou villages et plus de 1800 b�timents allant du XIIe au XXe si�cle), une bande de trente m�tres de part et d�autre du chemin a �t� class�e. 1993 �tait une ann�e sainte � Compostelle. Elle fut l'ann�e du d�collage du p�lerinage contemporain.
La situation fran�aise �tait tr�s diff�rente de celle de l'Espagne :
- absence de Compostelle dans l'histoire de France malgr� la l�gende de Charlemagne
- faible int�r�t des Pouvoirs Publics
- absence d'itin�raire identifiable.
Malgr� tout, l'insistance de l'UNESCO et la pers�v�rance de trois associations int�ress�es � des titres divers au d�veloppement du p�lerinage ont conduit � l'inscription en d�cembre 1998 de 71 monuments et 7 tron�ons du chemin trac� dans les ann�es 1970 au d�part du Puy. Cet ensemble disparate a �t� d�fini par les experts de l'ICOMOS comme " un Bien unique " d�nomm� " Chemins de Compostelle en France".
Depuis lors l'UNESCO laisse graver cette mention dans le marbre des plaques appos�es sur les monuments class�s "au titre des chemins de Compostelle".
Les monuments distingu�s sont r�duits au r�le de balises des chemins�
Des justifications sans fondement
Si certains des 71 monuments fran�ais distingu�s par l'UNESCO "au titre des chemins de Compostelle" m�ritaient une inscription � titre individuel, il n'en est pas de m�me de tous. Certains �taient d�j� inscrits pour leur valeur propre. Pourquoi les avoir rajout�s ?
La mention d'autres monuments, comme, par exemple, le dolmen de Gr�alou ou des ruines d'un lieu de culte pal�ochr�tien ne peut que surprendre. Beaucoup d'�difices retenus n'ont rien � voir avec Compostelle et les justifications produites pour les rattacher � l'un ou l'autre chemin contemporain se r�duisent le plus souvent � l'affirmation que " les p�lerins passaient pas l� ". Il en est ainsi pour les ponts. Pourquoi avoir � soigneusement s�lectionn� � sept ponts dont quatre dans le seul d�partement de l�Aveyron ? Certes certains d'entre eux sont connus comme "pont des p�lerins". Mais rien n'indique qu'ils aient �t� des p�lerins de Compostelle.
L'ensemble du dossier fran�ais repose sur deux postulats des �rudits du XIXe si�cle qui n'ont jamais �t� v�rifi�s parce qu'admis comme des croyances fortes. Les routes m�di�vales �taient parcourues par des foules de p�lerins. Tous ces p�lerins allaient � Compostelle. Pas plus que les autres les experts de l'UNESCO, dont certains �taient pourtant �trangers � la culture europ�enne n'ont remis en question ces affirmations.
" Ypassaientparl� "
Ce mot r�sume � lui seul l'essentiel des discours tenus par les responsables des sites inscrits au Patrimoine Mondial au titre des chemins de Compostelle. Il est repris par tous ceux qui b�n�ficient de l'inscription par la g�n�ralisation inscrite dans le marbre des plaques. D�sormais n'importe quel itin�raire secondaire peut se pr�valoir d'�tre au patrimoine mondial d�s lors qu'il est balis� en direction de Compostelle. A d�faut de remplir sa mission culturelle, l'UNESCO sert ainsi de nombreux int�r�ts politiques et �conomiques particuliers.
Quel b�n�fice pour l'humanit� ?
L'UNESCO pr�tend que ces inscriptions sont faites " au b�n�fice de l'humanit� ". Les retomb�es �conomiques du p�lerinage contemporain sont certaines. Les g�tes se multiplient et des commerces se maintiennent ou s'ouvrent dans des zones d�sh�rit�es. Les d�penses de gestion de ce vaste programme international ont, elles-aussi, des retomb�es : les fonctionnaires nationaux et internationaux charg�s de ces questions per�oivent des salaires, voyagent et entretiennent une certaine activit� �conomique dans les lieux o� ils se r�unissent.
Sans m�conna�tre l'importance d'une action internationale pour la pr�servation d'�l�ments majeurs du patrimoine, il est n�anmoins permis de s'interroger sur le b�n�fice que peut apporter � l'humanit� un classement tel que celui des chemins de Compostelle en France.
Il est permis de s'interroger sur l'utilisation de l'argent public engag� dans ces op�rations. L'humanit� ne trouverait-elle pas un plus grand b�n�fice � des actions plus directement orient�es vers l'alimentation, l'�ducation et la culture ? Les services existent qui continuent imperturbablement � faire inscrire des �l�ments de moins en moins significatifs alors que des enfants continuent en grand nombre � mourir de faim. Leur consacrer l'argent investi dans des plaques de marbre mensong�res ne d�shonorerait pas l'humanit�.
Comment tirer parti de ce classement ?
Ce qui est fait est fait, m�me si cela a �t� mal fait.
L'UNESCO devrait en principe faire une �valuation p�riodique. Si elle existe elle est rest�e secr�te. Le b�n�fice de l'humanit� ne va pas jusqu'� l'information sur la situation des biens inscrits.
Des liens, autre que la g�ographie de chemins hypoth�tiques, pourraient exister entre les sites class�s au titre des chemins de Compostelle. Ils repr�sentent un patrimoine commun aux pays europ�ens qui n'est pas celui d�crit dans les dossiers et retenu par les experts de l'ICOMOS. Patrimoine immat�riel qui m�riterait d'�tre mieux connu et pr�sent�.
La Fondation David Parou Saint-Jacques d'o� sont issus ces textes est pr�te � collaborer avec tous ceux que cette �volution int�resserait.
"R�ves de Compostelle " soucieux du d�veloppement et de l'avenir serein et harmonieux des chemins de Compostelle, a souhait� publier cet article afin de renforcer le questionnement de la Fondation et y apporter sa propre r�flexion t�moignant ainsi de sa volont� d'�tre un acteur efficace au sein d'un monde "compostellan" quelque peu anarchique o� chacun veut tirer la couverture � lui et o� les influences politiques sont ind�niables....
Nous vous proposons un prolongement � cet article en vous rendant sur le site de la Fondation David Parou saint Jacques en cliquant sur le lien ci-dessous
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